La SFPI en Bourse, d’office la bonne affaire?

C’est ce qui s’appelle un ballon d’essai. Ce lundi dans De Standaard, Luk Van Biesen et Dirk Van Mechelen se demandaient s’il ne serait pas judicieux d’introduire en Bourse une bonne part de la SFPI. Parce que cela permettrait de faire baisser le taux d’endettement de la Belgique – le gouvernement Michel le verrait bien passer sous les 100% du PIB d’ici 2019. Et puis, s’interrogent les deux députés Open Vld, si l’on excepte quelques participations d’intérêt stratégique, est-ce bien le rôle de l’État de gérer ainsi un holding d’investissement? La Flandre n’a-t-elle pas procédé de la sorte avec la Gimv?

Bron: L’ Echo

La Société fédérale de participations et d’investissement est le bras armé financier de l’État fédéral, prenant, pour le compte de celui-ci, des participations dites stratégiques. Mais elle agit aussi pour son compte, investissant dans des entreprises “se distinguant par leur valeur sociétale”, dans une série de secteurs “prioritaires”.

De ce fait, son portefeuille n’est pas loin de ressembler à un inventaire à la Prévert. On y trouve des résidus de la crise bancaire, avec BNP Paribas, Belfius, Dexia, Royal Park Investments (la “bad bank” de Fortis) ou Vitrufin (Ethias). Des secteurs stratégiques, avec Astrid, Bozar, bpost, Infrabel, Brussels Airport Company, Euronext, Fluxys, Loterie nationale ou Palais des congrès. Puis, cela part dans tous les sens, avec de la biotech (Asit Biotech), de l’énergie (Xylowatt) ou de la technologie (Nanocyl). Sans oublier un paquet de fonds – c’est là que le Fédéral entend loger deux nouveaux fonds. Un visant à soutenir les entreprises en croissance, et l’autre afin de développer de nouvelles infrastructures dans le cadre du pacte d’investissement voulu par Michel.

Décote des holdings

La sortie des libéraux flamands n’a guère causé de remous. Au Fédéral, on a pris acte de la proposition, a fait savoir le ministre des Finances, Johan Van Overtveldt (N-VA). Qui indique mettre la dernière main au nouveau contrat de gestion de la SFPI.

Reste cette question: que vaut, sur le fond, la suggestion des deux députés? Faut-il laisser passer ou, au contraire, approfondir? L’argument budgétaire ne convainc qu’à moitié l’économiste Etienne de Callataÿ (Orcadia). Parce que vendre un actif ne participe pas vraiment au désendettement.

Il s’agit juste d’un changement de situation patrimoniale: on a certes moins de dette, mais aussi moins d’actifs. Son de cloche similaire auprès de Bruno Colmant, entre autres professeur d’économie appliquée à l’UCL. “Il ne s’agit pas là d’une piste structurelle de désendettement. Ce n’est pas un argument décisif.” Tout au plus, cela permettrait de rendre la dette belge moins saillante à l’heure où la Belgique tente de convaincre L’Europe de lui permettre un petit dérapage budgétaire, pour investir justement.

Et s’il est vrai que l’on peut se demander, au vu de certaines participations, pourquoi l’État a embarqué ici et là, il n’est pas certain non plus que la SFPI soit promise à une belle histoire boursière. “Elle risquerait de souffrir de la décote des holdings, indique Etienne de Callataÿ. Un holding vaut au final moins que la somme de ses participations.” Et pourrait rebuter un brin le privé, si l’État garde un pied à bord, ajoute Bruno Colmant. Parce que quand l’État intervient massivement, c’est souvent en situation de grande détresse – prenez le sauvetage des banques. “Il pourrait être amené à prendre des décisions allant dans le sens de l’intérêt général, mais contraire celui d’intérêts privés. Au final, sans doute vaudrait-il mieux que le système reste public, mais que l’État s’associe au privé dans le cadre de certaines opérations.” Comme ce qui se dessine pour ce futur fonds dédié aux infrastructures.

Reste à voir si la solution est praticable. Et si la SFPI pourrait séduire les marchés.