“Plus de danger d’explosion chez Dexia”

Après son passage devant les députés français, Karel De Boeck a établi un état des lieux de Dexia pour les parlementaires belges. Didactique, il s’est montré rassurant mais réaliste face aux risques persistants.

“Il n’y a plus de danger d’explosion chez Dexia, comme du temps où on se demandait chaque soir comment clore le bilan. Cette réduction du risque est un travail de tous les jours”, a déclaré Karel De Boeck devant la Commission des finances de la Chambre.

Les parlementaires se sont inquiétés notamment de l’impact de la faiblesse des taux sur Dexia mais également du départ prévu fin mai de Karel De Boeck.

Une chose est acquise: son successeur sera belge. Le Français Robert de Metz restant à la présidence du conseil pour garantir l’alternance franco-belge.

Bron: L’Echo

Les parlementaires sont-ils rassurés sur l’avenir de Dexia et son impact éventuel sur les finances belges? À l’issue de l’audition du CEO Karel De Boeck, les avis étaient mitigés. “Il faut rester prudent et faire preuve de discernement. La situation est difficile. On ne gagne rien à s’agiter dans tous les sens dans ce dossier très tributaire de l’environnement général”, a indiqué Ahmed Laaouej (PS). “Le hors-bilan du groupe reste important, ajoute Georges Gilkinet (Ecolo). M. De Boeck ne peut toujours pas garantir qu’il n’y aura plus aucun coût pour l’État belge.”

Didactiquement, le patron de Dexia a exposé le travail effectué depuis la chute de Dexia et le rachat par la Belgique de la banque belge: la vente de 450 entités juridiques, la réduction du bilan à 238 milliards d’euros (contre 413 milliards en 2011), la mise en place d’une nouvelle structure de gouvernance, le financement, etc.

Le risque Dexia?

“Il n’y a plus de danger d’explosion chez Dexia, comme du temps où on se demandait chaque soir comment clore le bilan. Cette réduction du risque est un travail de tous les jours”, a expliqué Karel De Boeck, reconnaissant toutefois ne pas pouvoir certifier que la Belgique ne devra plus jamais injecter un centime dans le groupe. “Le risque actuel est de voir le ratio de solvabilité passer sous le minimum exigé, ce qui se traduirait par un besoin de capital.” Si un jour cette situation se révélait, “l’État devra se rendre compte qu’un milliard injecté, c’est 60 milliards d’euros de garanties sauvés”, souligne Karel de Boeck. De quoi réfléchir!

L’avenir de Dexia?

Désormais, plus aucune entité n’est à vendre. Seule reste la filiale israélienne, au sein de laquelle les litiges sont en passe d’être résolus, permettant dans les 4 à 5 mois le lancement du processus de cession.

Le groupe, comme tout le monde, doit également composer avec la faiblesse des taux. “Nous travaillons donc d’arrache-pied pour vendre les swaps.” En effet, si les taux bas permettent à Dexia de se financer à moindre coût sur les marchés, ils ont un impact négatif sur le cash collatéral (32 milliards d’euros à financer). Autre effet “taux”: les revenus issus de la rémunération du capital diminuent.

Dexia reste aussi confrontée à divers risques judiciaires: en Allemagne, aux Pays-Bas et en France. Des risques globalement maîtrisés, expliquera Johan Bohets, CRO.

En Autriche, Dexia est exposée à hauteur de 395 millions d’euros (et a provisionné 197 millions) à Hypo Group Alpe Adria, banque à l’agonie pour laquelle une structure de défaisance, Heta, a été créée. La province autrichienne de Carinthie a annoncé mercredi vouloir racheter 11 milliards de dettes de HGAA à 75% de leur valeur, afin d’éviter son propre dépôt de bilan.

Aux commandes

Outre la santé financière de Dexia, les parlementaires étaient nombreux à s’inquiéter du départ prochain de Karel De Boeck. Saluant le travail effectué, le président de la Commission, Eric Van Rompuy (CD & V) a lancé: “Pour moi, vous pouvez encore rester quelques années.” Luk Van Biesen (Open VLD) ajoutant: “Mon parti est favorable à un recul de l’âge de la pension.”

Karel De Boeck a en effet annoncé ne pas vouloir voir son mandat prolongé au-delà de l’assemblée générale de mai. “Si je ne parle pas de mon départ, jamais on ne me cherchera un remplaçant. Personne n’est irremplaçable, sauf bien sûr moi!, ironise-t-il. Trouver un CEO n’est pas facile car Dexia n’est pas un plan de carrière. Certains acceptent de mettre leur carrière en pause pour nous, mais en échange, ils doivent faire face à la critique. Voyez le débat sur les salaires, les articles sur la chute de Detroit, ce n’est pas agréable.”

Chose acquise, le CEO sera un Belge, le Français Robert de Metz restant à la présidence du conseil d’administration. Il aura pour tâche de reprendre une société “bien huilée”, dotée d’une “structure opérationnelle durable”, et qui a déjà fait “de gros efforts de funding”, selon les termes de De Boeck. Des amateurs?

DOMINIQUE LIESSE ■